La Cité des Arts est constituée de deux bâtiments distincts séparés par une rue et reliés entre eux par le sous-sol.

Cette disposition a été retenue afin de conserver l’accès au parc du Verney par la rue Georges-Marie Raymond, entre les deux bâtiments.

La mise en situation de la Cité des Arts dans le parc nous a conduit à considérer un ensemble indépendant des constructions qui le jouxtent : la Cité des Arts ne s’accole pas au  gymnase du lycée Vaugelas, elle ne le prolonge pas dans le parc. Le bâtiment n’entretient aucun rapport privilégié avec un édifice ou un lieu particulier du contexte: les façades tournent, identiques, sur les quatre cotés.

L’accès principal à la Cité des Arts s’effectue par le bâtiment situé à l’ouest, du côté du parc, au rez-de-chaussée, dans un hall comportant un escalier monumental conduisant à un second hall, sous la rue. L’espace commun de distribution et de rencontre se compose de deux lieux distincts, l’un au rez-de-chaussée menant aux locaux d’enseignement du bâtiment ouest, l’autre permettant d’accéder au second bâtiment, à l’est.

La structure des deux bâtiments émergeants se compose d’une ossature périphérique et de porteurs intérieurs sur lesquels viennent reposer les planchers.
L’ossature périphérique est faite de pieds-droits d’une hauteur d’étage portant des linteaux. Les pieds-droits sont espacés de 1.50m afin de multiplier les encastrements et de constituer avec les linteaux une grille structurelle assurant la stabilité des bâtiments au séisme. Cette trame serrée permet de subdiviser les plateaux pour obtenir des salles de dimensions variées.

Chaque pied-droit comporte une face biaise par rapport au plan de la façade, et une face perpendiculaire. On ouvre ainsi l’angle de vue depuis l’intérieur tout en conservant au pied-droit son inertie. Les pieds-droits sont orientés de manière à présenter leur face perpendiculaire au soleil. La lumière frappe cette face et se diffuse dans les salles. Les salles comportent des instruments particulièrement sensibles aux différences de température et d’ensoleillement. La façade remplit le rôle de brise-soleil tout en diffusant une lumière adoucie dans les pièces. Des stores extérieurs automatisés complétent le dispositif de protection.

Des conditions techniques et d’usage nous ont conduits à adopter un système d’ossature périphérique identique pour les deux bâtiments émergeants de la Cité de la Musique et des Beaux-Arts.
Ceux-ci sont cependant différents. La hauteur des étages varie d’un bâtiment à l’autre. L’occupation des espaces au rez-de-chaussée est telle que le bâtiment Est comporte un socle fermé tandis qu’à l’Ouest ce niveau est complètement vitré et ouvert sur le parc.
Cette distinction contribue à indiquer clairement la position de l’accueil unique de la Cité des Arts. La porte principale accentue la différenciation des deux bâtiments. Elle établit un axe de symétrie propre au bâtiment Ouest, alors que le bâtiment Est en est dépourvu. Ceci suffit à conférer un statut différent à chacun des deux bâtiments, en renforçant le caractère monumental du bâtiment ouest.
Les façades, avec leurs pieds-droits de section triangulaire, participent elles aussi au jeu de l’égalité et de la différence. Selon le point de vue dans le parc, on perçoit tantôt deux bâtiments où prédominent les pieds-droits en béton (à l’Ouest), tantôt deux bâtiments où prédominent les fenêtres (à l’Est), ou encore un bâtiment où prédominent les pieds-droits et un autre où prédominent les fenêtres (au centre).

Cette manière qu’ont les deux bâtiments d’être à la fois identiques et différents nous intéresse au plus haut point. Il nous semble qu’ici se révèle une contradiction majeure qui « travaille » le projet architectural depuis l’adoption du projet urbain : la rencontre entre un programme par nature insécable avec deux bâtiments distincts, eux-même placés dans des situations urbaines très différentes.

Nos tentatives pour rendre identiques les deux bâtiments n’ont jamais abouti. Nous introduisions des aberrations formelles et de fonctionnement. Et nos solutions pour les rendre rigoureusement différents se révélaient artificielles.

Désormais les deux bâtiments ne diffèrent l’un de l’autre que par les proportions et les dimensions de leur structure.

Nous avons fini par admettre que ces deux bâtiments ne voulaient ni être identiques ni différents. Ne nous incitent-ils pas plutôt à une forme particulière de reconnaissance : celle qui sollicite et exerce l’œil à la comparaison des ressemblances ?